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Aspirine
3 juin 2008

Utopie sociale et vieilles dentelles

francois_hautiere_kstr2

Avec David, quand on ne fait pas des interventions en milieu psychiatrique, on bosse sur une nouvelle bande dessinée pour le label KSTR des éditions Casterman. Elle sera imprimée en version "KSTR2", c'est-à-dire dans le format tout nouveau tout beau tout chaud qui plaît même à Loïc (ce qui est, à mes yeux, un gage important de qualité), et devrait faire environ 120 pages au final (avec de la couleur partout contrairement aux extraits que je vous montre ici).

L'action se passe au Familistère de Guise. A tous ceux qui ne connaissent pas cet endroit atypique et son histoire, je conseille d'aller faire un tour sur ce site.

Le Familistère est plus qu'un ensemble de bâtiments, c'est une expérience sociale unique en son genre. Inspirée des thèses de Charles Fourier et lancée par Jean-Baptiste Godin (le Godin des poëles Godin) en 1859, elle a durée jusqu'en 1968, soit plus d'un siècle.

Godin était le fils d'un modeste artisan. Industriel visionnaire, anticlérical et progressiste, il a fait bâtir pour ses employés (et pour lui-même) des logements, un théâtre, des écoles, une piscine-lavoir, une crèche... Puis il a créé une société coopérative (la Société du Familistère) à laquelle il a confié l'administration de tous ces bâtiments, des jardins les entourant et de la fabrique de poëles (c'est cet ensemble qu'on appelait le Familistère). Mais là où l'expérience devient vraiment intéressante et se démarque des actions paternalistes mises en oeuvre par d'autres industriels à la même époque, c'est qu'en venant vivre au Familistère les employés de l'usine devenaient actionnaires de cette société, société à laquelle Godin a progressivement cédé toutes les parts qu'il détenait dans l'affaire. A la mort de Godin, en 1888, les habitants du Familistère étaient donc devenus propriétaires, à titre collectif, de l'usine dans laquelle ils travaillaient et des bâtiments dans lesquels ils vivaient.

A l'époque, Godin a été violemment critiqué pour cette "utopie réalisée",  aussi bien par la droite patronale (qui voyait d'un très mauvais oeil ce genre d'aventure socialiste) que par l'extrême-gauche (pour qui ce type d'expérience risquait de détourner le prolétariat de ses aspirations révolutionnaires).

Voilà pour le décor.

Pour le genre, c'est un polar à moustaches et crinoline, comme l'était déjà L'Etrange affaire des corps sans vie. Mais le ton a changé, il est plus sombre ; on est cette fois chez Zola plutôt que chez Conan Doyle.

Ce n'est pas seulement le lieu qui veut ça, c'est aussi l'époque. L'histoire que nous allons raconter se déroule entre janvier et août 1914 ; c'est-à-dire dans une période qui englobe les dernières heures de la "belle époque" et les premières de l'une des plus atroces boucheries de l'histoire de l'humanité. Boucherie dont l'une des premières batailles importantes a eu lieu à Guise. Autour du Familistère.

francois_hautiere_kstr1

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Commentaires
P
très beau ! J'ai visité Guise il y a quelques années lors d'un week-end en Thierarche: c'est un peu par hasard que l'on s'est retrouvé dans ce patelin, on venait plutôt pour ces étranges églises fortifiées qui pululent aux alentours. En tous cas le guide qui nous a raconté l'histoire de la ville n'a pas manqué de nous raconter l'histoire de Godin !!! Pour lui cela avait plus d'intére^t de parler cela plutôt que du Duc de Guise et des dernières propriétés forestières de la famille royale de France dans la région. Je suis donc d'autant plus impatient de lire ça. a+ PP
D
Ouais!
Aspirine
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